La future usine Degoisey sort de terre à la Technopole de l’Aube pour mieux lancer la réindustrialisation du territoire
Par la rédaction, le
C’est une première pierre symbolique qui a été posée la semaine dernière à la Technopole de l’Aube, en présence des autorités locales. Mais une pierre qui marque le changement de statut de la petite entreprise longtemps installée à Saint-André-les-Vergers pour devenir le fleuron aubois de la réindustrialisation des territoires. Et un bâtiment, lui aussi, résolument tourné vers l’avenir et la préservation de l’environnement.
Elle en a fait du chemin depuis sa création dans les années 30 par Louis Degoisey qui lui a donné son nom. À l’époque, l’entreprise produisait des métiers circulaires pour les entreprises de bonneterie auboises. Un temps que les moins de 20 ans…
Mais depuis, Degoisey a effectué une véritable révolution non pas culturelle – encore que – mais copernicienne en changeant totalement son domaine d’intervention. Terminé le textile, hélas plus vraiment un secteur d’avenir. Place à l’aéronautique en se lançant dans l’usinage des pièces mécaniques de haute précision qui iront équiper les Airbus A350 ou les Rafale de Dassault. Une trajectoire des plus atypiques qui a valu à l’entreprise d’être qualifiée de « pépite industrielle » auboise.
Montée en puissance
Une pépite qui était à l’étroit dans les vénérables locaux de la rue Thiers de Saint-André-les-Vergers. D’autant plus que Degoisey ne cesse de monter en puissance avec un chiffre d’affaires de 7 M€. Et comme il était impossible de pousser les murs dans cette zone entourée de maisons et résidences, il a bien fallu se résoudre à déménager et, surtout, voir plus grand.
Et c’est donc tout naturellement vers le site de la Technopole de l’Aube que l’entreprise s’est tournée.
D’abord, parce qu’il y a de la place mais aussi parce qu’entre l’UTT et l’IUT voisins, voilà de quoi trouver peut-être ses futurs ingénieurs. Et Degoisey mise sur la jeunesse en recrutant non seulement des alternants mais aussi des ingénieurs stagiaires. Et en affichant une moyenne d’âge de 33 ans dans son effectif.
Ensuite, parce que Degoisey, et surtout son CEO, Laurent Allard, milite pour la réindustrialisation des territoires : « Aujourd’hui, être dirigeant dans un courant néo-industriel, c’est être engagé, être acteur industriel de demain sur nos territoires. Franchir le pont entre l’ancien et le nouveau monde. Nos aïeux ont bâti leur maison en construisant des outils. Et cela, seul l’accès au savoir le permet. C’est comme ça que se fera la réindustrialisation de ce pays. Il faut des industriels qui ont des bonnes pratiques et qui sont fiers de partager ce qu’ils font. »
Limiter les mouvements de terre et l’abattage des arbres
C’est donc sur un terrain de 8 000 m2 que la nouvelle usine sort de terre à une vitesse incroyable. Le bâtiment aura une emprise au sol de 3 580 m2 mais surtout a été pensé pour altérer le moins possible l’environnement existant et qui s’articule autour de trois axes. D’abord, intégrer le bâtiment dans son milieu naturel avec un gros travail de conception sur les façades avec un bardage métallique aspect bois, des murs en ossature bois et du béton de chanvre. Un gros travail sur l’implantation du bâtiment a également été fait dès la conception. « Il y avait beaucoup d’arbres et des talus qu’il a fallu impacter le moins possible. On a limité les mouvements de terre et l’abattage des arbres et on a tourné autour des parkings qui étaient déjà présents », explique Antoine Parant, chef de projets et coresponsable d’agence chez LCR (Les Constructeurs Réunis).
Le deuxième axe, qui va de pair avec le premier, a été de soigner l’aspect environnemental avec un bâtiment entièrement construit selon les nouvelles normes et donc conforme à la réglementation ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement). « C’est une volonté du maître d’ouvrage de réduire son bilan carbone. On a donc fait appel le plus possible à des sous-traitants locaux afin de limiter le temps de transport. Ainsi, le béton de chanvre et l’ossature bois sont fournis par Cibbios à proximité de Lusigny. Là encore, il s’agit de limiter le bilan carbone. Il y aura des panneaux photovoltaïques sur la quasi-totalité du toit ainsi que des bornes de recharge électrique pour véhicules », poursuite Antoine Parant.
Intégrer les machines dès la conception
Enfin, le dernier axe a été l’optimisation des aménagements intérieurs. Non seulement pour améliorer la logistique et la fonctionnalité en intégrant dès la conception des plans la place nécessaire aux machines d’usinage. Mais aussi pour donner des conditions de travail optimales pour les équipes.
« Je suis content. À mon âge, il n’y a plus de crise de conscience. Que va-t-on laisser à nos enfants ? Des dettes et un champ de ruines ? C’est pas ça, l’industrie ! Mon métier c’est de manager des entreprises en croissance mais aussi d’avoir des convictions et les partager. Ce bâtiment va nous permettre de passer de 7 à 10 M€ de chiffre d’affaires et d’embaucher 20 personnes. On aura de la place, on sera encore plus opérationnels », s’est réjoui Laurent Allard.
En bref
L’entreprise Degoisey a été fondée dans les années 30 par Louis Degoisey. À l’époque, elle fabrique les fameux métiers circulaires qui feront les grandes heures de la bonneterie auboise.
Elle change totalement d’activité mais reste dans l’usinage. En lieu et place des métiers à tricoter, elle devient spécialiste des pièces mécaniques de haute précision notamment pour le secteur de l’aéronautique.
En 2006, elle est reprise par Laurent Allard. Son effectif passe alors de 16 à 45 salariés, et son chiffre d’affaires de 1,4 à 7 M€.
Elle est actuellement installée au 59 de la rue Thiers, à Saint-André-les-Vergers, sur 1 200 m2.
La nouvelle usine qui se construit à Rosières-près-Troyes, à la Technopole de l’Aube, occupera une emprise au sol de près de 4 000 m2 sur un terrain de 8 000 m2.
Source : L'Est Eclair >> Accueil >> Economie >> Economie régionale >> 29/04/2024 >> Stéphanie Munier
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