BONJOUR ET MERCY
Par la rédaction, le
Sur une parcelle de territoire de 60 hectares autour du château de Mercy que l’on a longtemps considérée comme le bout du monde, tout simplement parce qu’elle était en dehors des limites géographiques de Metz puis de l’a première version de l’agglomération, se joue actuellement avec un certain succès une partie de la dynamique messine et métropolitaine. Le CHR bien sûr mais aussi le pôle Santé lnnovation qui connaît une belle poussée de croissance ces derniers temps. Cinq inaugurations importantes en quelques mois dont deux la semaine dernière. Précisions.
C’était au temps où la FIM signifiait la fin d’un territoire messin, des plus confortables au demeurant. Et cela depuis que les villages de Borny, Grigy et Magny avaient rejoint le ban messin au début des années 60. Un espace urbain et naturel devenu très vaste et qui avait permis à Rayrnond Mondon de mettre en route chez lui la ZUP de Borny et les Hauts-de-Vallières avant que Jean-Marie Rausch n’implante, toujours chez lui, sa nouvelle vision des quartiers à la Grange-aux-Bois ainsi qu’à Magny.
Il s’est même offert le luxe d’installer, toujours sur son propre territoire, un vaste technopôle lui-même doté d’un plan d’eau, d’espaces verts et d’un golf. A l’époque, c’est-à-dire à la fin des années 80, ce golf était souvent présenté comme une réserve foncière que l’on pourrait urbaniser en cas de besoin et il suffirait de déplacer le golf un peu plus loin, vers le château de Mercy où l’armée vivotait encore et où on était en territoire non pas ennemi mais… pas chez nous comme disait JMR en contemplant les ressources de la taxe professionnelle.
Un entre-deux stratégique
Lorsqu’au début des années 2 000 le CHR décidera (avec l’accord du maire de Metz président du CA) de s’implanter à Mercy délaissé par les militaires, il faudra bien prendre le dossier par l’autre bout de la lorgnette. Admettre par exemple que Mercy est la sentinelle ou la limite naturelle de l’espace technopôle et que Ia mise en valeur¡ de « l’entre-deux » existant au-delà des barrières de la FIM était une carte à jouer prioritairement. Ce qui finit par se faire, l’opération étant facilitée par les changements d’hommes et l’évidence du destin commun. Qui plus est, à ce même moment le projet d’extension du Technopôle de l’autre côté de la route de Strasbourg ne peut faire l’économie d’une vraie phase de réflexion sur les nouvelles attentes et tendances.
La voie était donc enfin libre pour réaliser quelque chose de bien du côté de Mercy d’autant plus que la voie express-sud en direction de Château-Salins créée par le département offrait une promesse de fluidité et d’accès. ldem pour Mettis, snobé par la Grange-aux-Bois et qui se fera un devoir de desservir à la fois l’hôpital et la maternité. Tout cela ne s’est pas fait sans grincements de dents pour autant de la part des usagers comme des employés : pas assez de parking, un principe de circulation qui désoriente plus qu’il ne facilite pas la vie et ce sentiment, pour un temps d’être au bout du monde. Bref, il y avait du boulot à faire mais les pionniers ne semblent pas le regretter.
Le croissant autour de Mercy
Sur un plan opérationnel, la CA2M devenue Metz Métropole puis Métropole de Metz (à laquelle ont adhéré les communes concernées c’est-à-dire essentiellement Peltre) est dans le rôle de la collectivité concédante et c’est la SAREMM qui est l’aménageur, l’agence de développement (MMD puis Inspire Metz) ayant par définition vocation à… développer.
La zone couvre 60 hectares en tout, le domaine hospitalier lui-même en occupe une quinzaine. Restait donc un territoire d’accompagnement de 43 hectares qui s’inscrit comme un croissant autour du château et des hôpitaux. En tout 200 000 mètres carrés de surface de plancher ont été prévus dont 120 000 en équipements publics et 75 000 en bureaux et activités. Le secteur sera divisé en deux tranches dont la première arrive en fin de commercialisation alors que la seconde devrait être lancée l’an prochain en même temps que les surfaces d’activités du parc du Technopôle, c’est-à-dire l’étendue située à droite en sortant du village de Grigy.
Pas le même type d’implantations notamment en matière de bureaux. Sur le pôle de Mercy on débute à 500 mètres carrés, sur le parc du Technopôle à 1 500.
Le bon rythme et la bonne santé
Du côté d’Inspire Metz on se réjouit plutôt d’avoir en portefeuille deux zones d’activité et de tertiaire. On se félicite surtout de l’accélération qu’a connu le pôle Santé lnnovation de Mercy avec ses dernières installations et inaugurations. La semaine dernière ce sont deux premières pierres qui ont été posées. Celle du projet Les Constructeurs Réunis qui permettra de créer 1500 mètres carrés et 38 emplois en restant dans une gamme de compétences développées dans le secteur.
L’autre est celle du site secondaire (après Strasbourg mais on s’en remet) de la Direction Européenne de la qualité du Médicament et soins de santé. Un investissement pour lequel se sont mobilisés administrations et élus car la ville était en concurrence avec d’autres sites. Ce nouveau site, disent les responsables de I’ EDQM, aura une importance cruciale dans la garantie de la durabilité et de la continuité de la mission de protection de la santé publique, notamment en cas de problèmes sur le site principal. Il est destiné à stocker un catalogue de plus de 3000 étalons de références pharmaceutiques, outre ceux déjà entreposés dans le bâtiment strasbourgeois. Le bâtiment de 3500 mètres carrés et d’un coût global de l’ordre de 7 millions d’euros doit prévoir des niveaux de température de stockage particulièrement sophistiqués. A l’aire à température ambiante (elle doit se situer entre 15 et 25 degrés) viendront s’ajouter trois autres niveaux : +5°, -20 et -80°).
Pionnier
Si l’on ajoute à ces première pierres les ouvertures récentes de I’Udaf (1500 mètres carrés pour 80 salariés) qui a quitté son bâtiment typique mais pas forcément fonctionnel de la place du Roi George et la mise en service de deux entités au sein du village de Mercy (l’agence de la BPALC) et la micro-crèche on voit que l’impulsion existe. Il suffit d’ailleurs de vouloir réserver à certains moments au Nebbiolo, restaurant italien de ce même village, pour le constater. On rappellera que c’est Siemens avec son siège régional de près de 1000 mètres carrés et ses 70 salariés qui avait ouvert la voie dès 2013. L’APF avait suivi puis Zwick France en musique avec son orchestre maison qui était venu donner l’aubade place de Chambre. Sur le même registre, Dekra industrial services. Les ambuulances Hunault (1000 m²) puis Jussieu Secours (800 m²) avec les 50 appartements de l’internat rééquilibrent la touche médicale. Difficile de quitter le site sans évoquer le château : après plusieurs accroches non confirmées il semble que le contact soit le bon. Entre-temps le château a été classé ce qui entraine une série d’avantages et de contraintes mais cela ne devrait pas l’empêcher de connaitre une nouvelle vie sous forme d’hôtellerie et de restauration. Mercy retrouverait enfin la vie de château et le charme qu’avait ce lieu au temps de certaines splendeurs militaires lorsqu’il était le quartier général des forces canadiennes en Europe.
Source : LaSemaine.fr >> Projecteur >> L'immobilier tel qu'il vit >> 28/06/2018 >> par Jean-Pierre Jager