En Alsace, le plasturgiste EMI démontre les capacités d’une PME à réaliser une usine 4.0
Par la rédaction, le
La nouvelle usine que le plasturgiste familial de 150 salariés a inaugurée vendredi 21 septembre à Saint-Louis (Haut-Rhin) dans le nouveau parc d’activités EuroEastPark, est une démonstration de l’approche qu’une PME peut faire de l’industrie 4.0. L’investissement s’élève à 16 millions d’€.
L’usine du futur n’est pas l’exclusivité des grands groupes. EMI (Étude Moule Injection) vient d’apporter une éclatante démonstration que les PME peuvent aussi en réaliser de très belles vitrines. La nouvelle usine que le plasturgiste familial de 150 salariés a inaugurée vendredi à Saint-Louis (Haut-Rhin) dans le nouveau parc d’activités EuroEastPark, n’a pas à rougir de la comparaison, tout au contraire.
Les 16 millions d’€ d’investissements ont généré des bijoux technologiques et un modèle d’organisation rationnelle sur 17.000 m2, dont 6.500 m2 de production et autant de stockage.
Des chariots guidés automatiques assurent la liaison entre les deux fonctions de logistique et fabrication. L’atelier d’injection s’agence autour de trois couloirs qui simplifient les circuits de flux. Ses presses sont alimentées depuis le haut du bâtiment, évitant là encore d’encombrer le sol. La matière première, constituée de thermoplastiques et de composites, est regroupée dans une centrale en surélévation d’où partent un nombre impressionnant de tuyaux.
Mais là où le profane voit une jungle désordonnée, le spécialiste reconnaît un ingénieux système « qui garantit que la bonne matière est reliée à la bonne presse à alimenter au moment considéré », décrit Geoffrey Wissler, le fils des dirigeants Jean-Pierre et Evelyne Wissler, qui va rejoindre la direction de l’entreprise en début d’année prochaine et s’est fait le guide des invités vendredi.
A l’intérieur de l’atelier, la salle blanche occupe une place centrale pour faire converger à elle les pièces les plus sensibles, qui requièrent une vérification hyper-précise de leurs paramètres (pression, humidité, particules dans l’atmosphère…), notamment pour le secteur médical.
Les presses, au nombre de 50 et de marques Arburg (Allemagne) et Engel (Autriche), ont été déménagées en deux semaines seulement de la précédente usine de Hésingue, à quelques kilomètres. Elles pèsent jusqu’à 700 tonnes et concentrent quelques-uns des savoir-faire techniques à l’origine de la réputation d’EMI : centre d’usinage 5 axes, robot 6 axes, installation de tri-injection qui permet d’injecter trois matières différentes sur un même poste.
Un atelier d’injection inhabituellement silencieux
Avant l’injection, l’atelier de mécanique qui confectionne les moules impressionne moins, mais il revêt une tout aussi haute importance. « Sa présence est l’une de nos forces : elle signifie que nous gardons la production en propre d’une partie de nos outils, environ 20 %, ceux dédiés aux projets les plus stratégiques », décrit Geoffrey Wissler.
Au final, pour Jean-Pierre Wissler le dirigeant-fondateur, « l’appellation 4.0 se justifie dans cette usine par la manutention automatique par les chariots guidés, la supervision en temps réel grâce aux machines connectées et la dématérialisation papier qui sera progressivement possible par le fait que chaque poste de travail a son ordinateur ».
Usine dématérialisée, mais pas déshumanisée : cette usine du futur version PME a l’atout de se conjuguer avec, visiblement une amélioration des conditions de travail. Les indices en sont nombreux, on peut relever notamment les murs acoustiques de l’atelier d’injection qui rend celui-ci inhabituellement silencieux. Pour optimiser le bâtiment tout en le gardant agréable à vivre, EMI a mené un travail étroit avec le constructeur retenu, LCR (Les Constructeurs Réunis).
L’entreprise entend bien continuer à cultiver l’esprit de famille qui y règne depuis sa création en 1995… et l’ambiance très conviviale de la cérémonie d’inauguration avec mise à l’honneur de salariés l’augure bien.
Quatre-vingt salariés en 2015, 115 il y a un an, 150 à présent : les effectifs ont suivi toutes ces dernières années la courbe ascendante bien pentue du chiffre d’affaires, puisque celui-ci continue à croître de plus de 10 % par an. En 2017, il a atteint 30,5 millions d’euros. 80 % est réalisé à l’international… qui est en fait tout proche pour l’essentiel, puisque les industriels allemands et suisses à moins de 250 km constituent une grande partie de la clientèle.
Celle-ci se répartit principalement entre l’électrique/connectique (pour les panneaux photovoltaïques notamment), le bâtiment, l’automobile et de plus en plus le médical. La famille Wissler a sans nul doute encore quelques belles pages d’aventure industrielle à écrire.
Source : Traces Ecrites >> Alsace >> 25/09/2018 >> Par Mathieu Noyer
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