Achiet-le-Grand: De Reu a fait de la crise une force, l’entreprise s’accroît
Par la rédaction, le
La société centenaire, spécialisée dans l’usinage de pièces de précision, traverse la période avec une insolente santé. De Reu pousse les murs et embauche, investissant près de 2 millions sur deux ans. Pas un hasard : l’entreprise familiale sait se montrer agile lorsqu’il y a de la houle.
2020, trou d’air
Il y a eu les chanceux, qui ont bénéficié d’un effet d’aubaines : fabricants de masque, de plexiglas, labos pharmaceutiques, etc. Et ceux qui ont le sens du timing. Joffrey De Reu, dynamique patron de la société du même nom installée à Achiet-le-Grand, 102 ans cette année, semble avoir ce flair. « En 2019, on a repensé toute notre organisation. Les 65 machines de l’usine ont été déplacées, on a revu des process pour que les salariés soient plus à l’aise. »
Résultat immédiat : entre 15 et 20 % de pièces produites en plus, sans renouveler le parc ! Les bases étaient solides lorsque le Covid a frappé. L’activité n’a jamais cessé chez De Reu (« On a voté, les salariés ont choisi de se battre pour l’entreprise, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour leur trouver des protections »), mais en fin d’année 2020, la production s’est encalminée. « Ça a été terrible, on a perdu 70 à 80 % de commandes, on n’avait plus que quinze jours de prévisionnel contre plus de trois mois habituellement ! »
Miser sur l’humain
Joffrey De Reu, quatrième descendant à gérer l’entreprise, décide de préparer l’avenir en « misant sur l’humain ». Au moment où le carnet de commandes se déplume, un plan de formation occupe les vingt-six salariés. « Chacun a été formé entre cinq et dix jours, pour monter en compétence et en polyvalence. » La période a renforcé les liens entre salariés d’une structure qui tient à rester familiale. « On a été plus solidaire, poursuit le patron. Personne n’a été mis au chômage, il n’y a pas eu de licenciement. Paradoxalement, la crise nous a rapprochés. »
Investissement
La reprise n’a fait qu’amplifier depuis le début de l’année. M. De Reu profite de ce regain pour accroître les capacités de l’usine. Un bâtiment de 600 m2 va pousser, six nouvelles machines vont arriver. « Des tours à commandes numériques, qui vont permettre de sortir plus de volume et des pièces plus complexes, se réjouit le dirigeant à l’ambition prudente mais opiniâtre. Je veux qu’on soit repéré pour notre sérieux et notre capacité à innover. J’essaie de me placer comme un couteau suisse de l’usinage de précision. » C’est déjà un peu le cas : De Reu travaille aussi bien pour l’industrie aéronautique ou ferroviaire, fournit des pièces pour des équipements médicaux, équipe les TGV…
Quatre embauches
L’entreprise installée à deux pas de la gare d’Achiet-le-Grand souhaite embaucher quatre salariés en 2022. Des tourneurs, fraiseurs, opérateurs, avec possibilité de contrat d’apprentissage. Des métiers « de précision, nécessitant des compétences numériques », qui peuvent rémunérer bien au-delà du SMIC en fonction de la polyvalence de la personne. Aujourd’hui, la société emploie vingt-six personnes, la moyenne d’âge est d’environ 40 ans. Certains résident dans la Somme, le Lensois, le Ternois, etc.
Chères matières premières
Inox, acier, plastique, aluminium, titane, bronze… Des matières diverses sont usinées chez De Reu. Toutes subissent une inflation qui donne la migraine au dirigeant. « L’inox a pris 70 % d’augmentation, l’acier, 50 %, le prix de l’huile ne cesse de monter, énumère Joffrey De Reu. Ça a démarré en février et ça continue de monter. On s’adapte en attendant que la situation redevienne normale. » Des délais de livraison de quinze jours habituellement ont pu bondir à quatre mois.
Source : La vois du nord >> Économie >> 12/12/2021 >> Par Fabien Bidaud
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