Académie internationale du vin : un premier cru en 2018
Par la rédaction, le
Une académie internationale du vin ouvrira ses portes à Landersheim à la rentrée 2018. Elle formera chaque année 600 étudiants, dont une majorité de Chinois, à différents métiers en lien avec le vin. L’un des objectifs est d’accéder à de nouveaux marchés.
À l’image du bon vin, Dominique Destouches a laissé mûrir son idée de créer une académie internationale du vin. Depuis six ans, le président de la société VPCF (Vins de propriétés et château de France), basée dans la zone du Martelberg à Monswiller, près de Saverne, imagine et définit les contours de ce projet dédié entièrement au fruit de la vigne. « Je me suis rendu compte de la nécessité d’ouvrir une formation dans le domaine du vin français » et plus particulièrement alsacien « qui souffre de son image, surtout à l’export » , observe le négociant.
Avec un sens aigu des affaires et un carnet d’adresses bien rempli, l’entrepreneur a su convaincre Marc Rinaldi, homme d’affaires alsacien multicarte et récent propriétaire du domaine Martin-Schaetzel, et un investisseur chinois prénommé Chengqing Sun, spécialisé dans la finance et l’immobilier, d’apporter des capitaux pour lancer ce grand campus du vin. Côté enseignement, il travaille actuellement à l’établissement d’une convention avec l’École de management de Strasbourg pour délivrer aux futurs académiciens des « diplômes reconnus » par l’État.
600 étudiants par promotion
À la rentrée 2018, une première promotion de 100 étudiants, dont quarante Chinois, suivra les cours de cette « formation professionnalisante » dans les locaux de la Maison de l’emploi et de la formation de Saverne. Il s’agira d’une année de rodage pour « prendre de l’expérience » , explique Dominique Destouches. À partir de la rentrée 2019, 300 étudiants triés sur le volet en fonction de « leur motivation, de leur passion pour le vin et de leur curiosité » , détaille Marc Rinaldi, puis 600 les années suivantes, débourseront entre 10 000 et 20 000 €, logement et stages compris, pour intégrer l’académie dont le siège se situera alors dans le bâtiment Adidas, à Landersheim.
Le contenu des enseignements est pour l’heure volontairement maintenu secret par les investisseurs, par peur de se faire voler leur offre de formations par d’autres écoles du type en France. En revanche, ils s’accordent à dire que les cours seront assurés, à parité, par des enseignants et des professionnels dans les domaines « du commerce, de la gestion, de la production de vin ou de la restructuration des vignobles » , détaille sobrement Dominique Destouches. « Cela offre une complémentarité pragmatique qui n’existe pas dans des écoles classiques dites de commerce. Nous, on offre un diplôme, mais aussi un métier » , assure Marc Rinaldi. Les cours théoriques et pratiques déboucheront tous sur des stages spécialisés auprès de professionnels pour acquérir les compétences nécessaires.
Ces formations bac + 2 à bac + 5 sont ouvertes à un recrutement international d’étudiants, mais la moitié des places est réservée à un contingent de Chinois. La présence d’un investisseur du pays le plus peuplé de la planète n’est pas étrangère à l’instauration de ce quota. Elle n’est pourtant pas la seule explication. Pour Dominique Destouches et Marc Rinaldi, la Chine représente un marché considérable de 1,3 milliard d’habitants à ne surtout pas négliger. « Les Français consomment 28 millions d’hectolitres de vin par an contre 17 millions pour les Chinois [en 2014, NDLR] » , compare Yu Baugé, nièce de Chengqing Sun et future directrice administrative de l’académie internationale du vin. « Si chaque Chinois boit un verre de plus par an, alors on double la consommation » , s’amuse Marc Rinaldi.
Former de « formidables ambassadeurs des vins d’Alsace »
L’homme d’affaires alsacien, actionnaire et futur enseignant « bénévole » de l’académie, y voit là l’opportunité de doper les ventes de riesling ou de gewurztraminer. Avec ce cursus privé, Dominique Destouches, Marc Rinaldi et Chengqing Sun espèrent pénétrer, avec des produits régionaux, un marché chinois largement tourné vers l’extérieur. « En 2015, la Chine a importé 167 millions de litres de vin » , selon les chiffres fournis par Yu Baugé. Et la demande ne cesserait de croître. « Il y a une véritable opportunité d’exporter nos vins alliés à leur gastronomie » , se réjouit le président de VPCF. Dans cette optique, quel meilleur atout que les étudiants formés à Landersheim pour leur ouvrir les portes de ce marché ? De retour chez eux, diplômés de l’académie du vin, ils seront alors de « formidables ambassadeurs des vins d’Alsace, en Chine et à travers le monde » , espère Marc Rinaldi.
Source : L'Alsace >> Alsace >> Formation >> 29/01/2017
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