Pôle Petite Enfance et Handicap
Par la rédaction, le
Ce projet est une structure comprenant une micro-crèche et un cabinet pluridisciplinaire permettant l’inclusion des enfants porteurs de handicap dans le milieu ordinaire, un enjeu sociétal majeur.
En 2017, selon le Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age, 60 000 à 70 000 enfants en situation de handicap de moins de 7 ans sont pris en charge, mais il estime qu’il existe un besoin d’accompagnement précoce pour 30 000 à 40 000 enfants supplémentaires. C’est autant de familles à la recherche d’un mode de garde, d’un diagnostic ou d’une prise en charge pour leur enfant aux besoins spécifiques.
Par ailleurs, dans 54% des cas, les enfants porteurs de handicap de moins de 3 ans sont gardés exclusivement par leurs parents, contre 32% pour les autres enfants. Ceci implique donc, pour la majeure partie des familles, l’arrêt de l’activité professionnelle d’au moins un des deux parents, ce qui entraine une fragilité financière importante.
Cela a pour autre conséquence le manque de socialisation de ces enfants.
A 3 ans, 30 à 40% des enfants en situation de handicap ne sont pas scolarisés. Si certaines mesures sont prises par le gouvernement afin de favoriser leur inclusion en milieu ordinaire, comme la scolarisation obligatoire à 3 ans dès la rentrée 2019, qui devrait permettre l’inclusion de près de 2 000 enfants en situation de handicap, qu’en est-il des plus jeunes ?
Aux vues de ces éléments, il nous semble que permettre à tous les enfants d’avoir accès aux mêmes structures est un enjeu de société primordial.
En effet, l’évolution en collectivité d’enfants aux profils divers (enfants tout venant et enfants aux besoins spécifiques) s’avère bénéfique pour eux, en permettant la socialisation et l’acceptation de la différence.
Suite à nos échanges avec le Centre Ressource Petite Enfance et Handicap de Strasbourg et le Centre d’Action Médico-Sociale Précoce de Haguenau, il apparait que, malgré la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, très peu de structures dites « non spécialisées » acceptent l’accueil d’enfants différents par manque de moyens.
Nous souhaitons changer cela.
Nous avons donc vu qu’en France, l’inclusion des enfants porteurs de handicap entre 0 et 3 ans est un véritable enjeu sociétal.
Il est aujourd’hui nécessaire d’apporter des solutions aux familles, souvent éprouvées par des années d’errance médicale pour aboutir au diagnostic, qui ne constitue que le point de départ d’une nouvelle bataille : la reconnaissance du handicap de leur tout-petit et son inclusion dans une société où le handicap est encore très mal perçu.
Pour ce faire, nous proposons un lieu fédérateur, au fonctionnement « facilité » pour les familles : une micro-crèche, mode de garde stimulant pour tous les enfants, ainsi qu’un regroupement de thérapeutes, à savoir une ostéopathe, une psychomotricienne, une orthophoniste, une sage-femme et une psychologue ; les deux structures étant au sein d’un seul bâtiment.
Grâce à une équipe compétente, passionnée et dynamique, nous souhaitons garantir une prise en charge de qualité, en accord avec les principes de bienveillance auxquels nous aspirons.
Quel est le concept de votre projet ?
Le concept de notre projet est tout à fait novateur.
Il s’agit de réunir au sein d’une même structure et d’une même équipe des professionnels de la santé et du handicap ainsi que des professionnels de la petite enfance, afin d’offrir aux familles une prise en charge globale de leur enfant et de gagner en qualité de vie, en leur permettant de mieux articuler leurs vies professionnelle et familiale.
Pour ce faire, le bâtiment est composé de trois espaces de vie communiquant et interagissant les uns avec les autres ; d’une part, le cabinet pluridisciplinaire, d’autre part la micro-crèche, et enfin l’espace commun : le lieu de vie, d’échanges et de partage.
Le cabinet pluridisciplinaire est composé de quatre salles de consultation, que se partageront une ostéopathe, une psychomotricienne, une sage-femme, une psychologue et une orthophoniste.
Quand il s’agit de handicap, la bonne volonté et le bon sens ne suffisent pas. De vraies compétences sont nécessaires pour la prise en charge de ces enfants aux besoins parfois spécifiques. C’est pourquoi les professionnels de santé réunis dans le cabinet ont tous une expérience du handicap et du travail en équipe.
Si leurs spécialisations leur apportent la diversité nécessaire à une prise en charge holistique des patients, leur vision convergente de la médecine, qui se doit humaine et empathique, leur permet de collaborer en tenant un discours commun aux familles.
La salle de repos du personnel, commune au cabinet et à la micro-crèche, est le lieu d’échanges privilégiés entre tous les membres de l’équipe. Qu’il s’agisse de faire le point sur la situation d’une famille, les difficultés retrouvées chez un enfant ou d’enrichir notre expérience et nos connaissances, chaque membre de l’équipe peut apporter sa pierre à l’édifice. Développer le travail en réseau et favoriser la convivialité au sein de la structure, c’est garantir une prise en charge optimale des enfants porteurs de handicap.
La micro-crèche est un lieu d’accueil où les valeurs de respect, d’entraide, et de bienveillance sont reines. Son rôle est primordial : accueillir au plus tôt les enfants rencontrant des difficultés permettra de préparer une société inclusive où le regard porté sur le handicap changera.
L’accompagnement adapté de chaque enfant, avant qu’il n’ait conscience de son handicap, du regard des autres enfants voire même des adultes sur sa différence, lui permettra de s’épanouir et de développer ses capacités au mieux.
N’accueillir qu’un enfant aux besoins spécifiques est compliqué, car il représente à lui seul le fantasme de la différence, et ne sera défini qu’au travers de sa pathologie. De même, une micro-crèche n’accueillant que des tout-petits porteurs de handicaps n’a pas de sens, et reviendrait à faire naître un sentiment d’exclusion.
C’est pourquoi la micro-crèche, parmi les 10 places proposées, en réserve 20% aux familles ayant un enfant en situation de handicap. Si la demande s’avérait plus importante, ce chiffre pourrait être revu à la hausse, dans la limite de 40%, afin que chaque enfant puisse toujours bénéficier d’un suivi personnel et adapté. L’accueil de tous les enfants pose ainsi les bases d’un rapport de familiarité avec le handicap, et non d’étrangeté.
L’accueil de ces enfants nécessite de relever plusieurs défis :
– L’aménagement des espaces, qui a été pensé pour faciliter la manutention et le déplacement d’enfants dépendants d’équipements spécifiques (fauteuils roulants, par exemple). A ce titre, la micro-crèche est dotée d’une pièce spécialement aménagée et dédiée à l’exploration sensorielle (développement des sens), une approche ayant fait ses preuves dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap ;
– Le choix du matériel, tant au niveau des jeux et jouets, mais également de véhicules adaptés pour les déplacements extérieurs des enfants polyhandicapés ;
– La formation des professionnels, élément essentiel à l’accompagnement de ce jeune public. Ces derniers se verront donc proposer régulièrement des formations sur le thème du handicap et se réuniront régulièrement, afin de veiller à l’épanouissement des enfants et au bien-être de l’équipe.
La proximité des professionnels de santé facilitera l’organisation du quotidien des parents, car, pour leurs rendez-vous médicaux, ils pourront aller chercher directement les enfants nécessitant des soins dans la micro-crèche.
L’espace commun est un lieu privilégié de contacts et d’échanges entre les différentes parties : parents, enfants, professionnels de la santé ou de la petite enfance.
En effet, si le personnel éducatif et médical est à l’écoute des parents, qui évoquent volontiers le diagnostic et le quotidien de leur enfant porteur de handicap, il ne représente pas forcément l’interlocuteur idéal pour confier les difficultés rencontrées au sein de la famille.
La longue attente du diagnostic puis la multiplicité des prises en charge médicales entrainent fréquemment des tensions importantes au sein du couple et de la fratrie, qui voient l’organisation de la vie familiale bousculée.
L’espace commun a donc pour vocation d’accompagner des parents parfois démunis et désemparés, en leur permettant de rencontrer d’autres parents vivant les mêmes épreuves, et confrontés aux mêmes difficultés lors d’ateliers gratuits proposés et animés par l’équipe. Que ce soit à l’occasion d’un atelier « massage bébé », d’une conférence sur l’autisme ou d’un groupe de paroles, les parents pourront ainsi se réunir, partager leurs expériences et leurs craintes quant à leur capacité à accompagner leur enfant.
Un bon moyen d’évacuer la pression d’un quotidien souvent stressant, et de puiser au sein du groupe la force de continuer ce parcours du combattant.
Source : Aviva >> Projet >> 01/05/2019 >> Par Athénaïs Thoral
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