Bailleul-Sire-Berthoult : Régional Express, un transporteur qui « participe à la transition écologique »
Par la rédaction, le
La PME familiale au développement fulgurant a quitté la ZI Est (à Tilloy-lès-Mofflaines) pour implanter son siège social sur la zone Actiparc au carrefour des liaisons autoroutières au cœur de l’Europe et proches de l’Angleterre. Son essor s’accompagne d’un souci de polluer le moins possible.
« Peut-on faire sans camions aujourd’hui ? » La réponse à la question du président de la communauté urbaine d’Arras (CUA) est évidemment non. Lors de l’inauguration du siège social du groupe Régional Express sur la zone Actiparc, vendredi, Pascal Lachambre a rappelé que même en développant le fret fluvial (avec le très attendu canal Seine-Nord) ou ferroviaire, il faudrait toujours des camions pour acheminer la marchandise chez les clients sur les derniers kilomètres.
« Un camion équipé de la norme euro 6, c’est un moteur et une usine de dépollution derrière »
Le transport en cross-docking (flux tendu), pour des livraisons de proximité dans des délais de 12 à 24 heures, c’est justement la spécialité du groupe familial Régional Express. « Pas de camions, pas de commerce… mais nous participons à la transition écologique », assure le PDG, Laurent Dutheuil, en évoquant des investissements de 5 M€ par an dans des camions « propres ».
La flotte de 90 véhicules (utilitaires ou semi-remorques) de la base arrageoise est quasiment à 100 % dotée de moteurs de nouvelle génération aux normes antipollution Euro 6. « C’est un moteur et une usine de dépollution derrière », situe Laurent Dutheuil. Cela permet de réduire les émissions de CO2 à un niveau équivalent à celui des camions, plus chers, alimentés au biogaz (qui équipent trois camions). L’entreprise s’organise ainsi pour renouveler sa flotte tous les trois à cinq ans afin de s’équiper des modèles les plus écologiques possible.
« Transporteur socialement responsable », Régional Express connaît une croissance spectaculaire : « 42 % par an en moyenne », selon Laurent Dutheuil. Avec cent emplois créés ces douze derniers mois et des perspectives identiques pour 2019 et 2020.
Tirer parti d’un « hard Brexit »
Pour son installation sur la zone Actiparc, la jeune équipe dirigeante, dans la foulée du PDG, a construit un bâtiment de 2 900 m2, doté de trente-quatre quais de chargement. Mais une extension est déjà prévue avec un espace d’entrepôt de 1 500 m2 (avec quatorze quais) et des parkings supplémentaires.
Rejoignant d’autres transporteurs installés à Actiparc (Perrenot, Salesky, Antoine, Soutry, Eurotranspharma…), Régional Express entend profiter à plein du Brexit, et éventuellement du « hard Brexit » en cas d’absence d’accord de sortie du Royaume-Uni de l’Europe, qui créerait des complications douanières au port de Calais et à l’entrée du Tunnel sous la Manche. « On y voit une opportunité, explique Julien Dutheuil, fils du PDG. S’il y a des blocages sur l’A26, les porteurs (industriels) seront obligés de trouver des plateformes comme la nôtre, idéalement située sur cet axe. » Quand le malheur des uns fait le bonheur des autres…
Une aventure familiale
Partie d’une toute petite entreprise, la holding familiale compte aujourd’hui 280 salariés, dont 105 basés à Actiparc. Elle regroupe trois entités : Envoyé Spécial, créée par Laurent Dutheuil en 1997, pour des livraisons « en petits véhicules dans la journée, sur Arras ou Madrid » ; L’Express du froid, qui « prend un grand essor » ; et en tête de pont Régional Express, une entreprise rachetée (les transports René, de Thumeries) et « redynamisée par une équipe de teenagers du transport ».
Parmi les clients : les groupes Auchan et PPG, Leroy-Merlin, Saint-Gobain ou encore le groupe Chevalier, qui fait transiter depuis Lesquin sa production de revêtements de sol par Actiparc pour une livraison très tôt le matin sur les chantiers. Outre Arras, le transporteur dispose de bases de livraison sur Lille, Rouen, Le Havre, Compiègne et Châlons-en-Champagne.
Très cher gasoil…
Pour les transporteurs, l’envolée du prix du gasoil (environ 15 centimes le litre en huit mois) a un impact important. « C’est 50 000 à 60 000 € de trésorerie depuis l’été », évalue Julien Dutheuil. Un surcoût « répercuté à nos clients. On est obligés car on ne peut pas réduire nos marges brutes. C’est payé par le consommateur final. »
Les camions sont suivis par géolocalisation, le niveau de carburant est connu à distance et les chauffeurs sont invités à adopter une conduite « pas trop sportive », en conciliant limitations de vitesse et rythme soutenu des livraisons. On veille aussi aux vols de carburant sur les parkings, par siphonnage du réservoir, pendant les pauses réglementaires. Une pratique qui serait de plus en plus fréquente avec la hausse des prix à la pompe.
Source : La voix du nord >> Arrageois - Ternois >> 18/11/2018 >> Par Laurent Boucher
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